FLASH Recherche : L’évolution des indicateurs de santé mentale dans les trois premiers cycles de l’ELOSMET

Ce FLASH Recherche présente les résultats préliminaires de l’évolution des symptômes de santé mentale chez les 6602 personnes de 95 milieux de travail ayant participé à l’Étude Longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (ELOSMET). Il s’agit d’une enquête en ligne débutée en 2019 qui est répétée chaque année pendant cinq ans. Elle aborde plusieurs dimensions de la santé et du mieux-être au travail, ainsi qu’un ensemble de conditions de travail, de situations de vie hors-travail et de caractéristiques personnelles.

La collecte de données du cycle 1 couvre la période 2019-2021 (n = 3024), le cycle 2 2020-2022 (n = 3501) et le cycle 3 2021-2023 (n = 2945). Le taux de réponse a varié entre 36,7% et 44,9% selon le cycle. Le tableau suivant présente les principales caractéristiques sociodémographiques et du milieu de travail de cet échantillon.

Les questionnaires suivants ont été utilisés :

  • Détresse psychologique : Désordres psychiatriques mineurs (symptômes dépressifs, anxiété, irritabilité, problèmes cognitifs) non-spécifiques à une maladie en particulier. Score de 4 et plus sur le General Health Questionnaire (GHQ-12).1
  • Dépression (mesurée à partir du cycle-2) : Scores de 10 et plus (symptômes modérés et plus importants) sur le Patient Health Questionnaire (PHQ-9).2
  • Anxiété (mesurée à partir du cycle-2) : Score de 10 et plus (symptômes modérés et plus importants) sur le General Anxiety Disorder (GAD-7).3
  • Épuisement professionnel : Fatigue, épuisement physique et psychologique perçu par la personne comme étant lié à son travail. Score de 50 et plus (symptômes modérés et plus) sur le Copenhagen Burnout Inventory (CBI-7).4
  • Consommation de médicaments psychotropes : Consommation au cours du dernier mois d’au moins un médicament de type tranquillisants (ex : diazépam, Valium), antidépresseurs (ex : fluoxétine, Prozac), opiacés (ex : codéine, Ratio-Lenoltec #3), ou somnifères (ex : zopiclone, Imovane).

La Figure 1 présente l’évolution générale des cinq indicateurs de santé mentale.

Note : * Les différences avec le cycle 1 (cycle 2 pour dépression et anxiété) sont significatives à p < 0,05.

La Figure 2 à 6 présente l’évolution des indicateurs de santé mentale selon le genre et l’âge.

Note : * Les différences avec le cycle 1 sont significatives à p < 0,05.

Note : * Les différences avec le cycle 2 sont significatives à p < 0,05.

Note : * Les différences avec le cycle2 sont significatives à p < 0,05.

Note : * Les différences avec le cycle 1 sont significatives à p < 0,05.

Note : * Les différences avec le cycle 1 sont significatives à p < 0,05.

Les constats sont les suivants :

  • Globalement,
    • La détresse psychologique s’est accrue entre le cycle 1 et le cycle 2, mais au cycle 3, elle revient au niveau observé pour le cycle 1 ;
    • L’épuisement professionnel a diminué entre le cycle 1 et le cycle 2, mais au cycle 3, il revient au niveau observé pour le cycle 1 ;
    • La prévalence des symptômes de dépression et d’anxiété augmentent du cycle 2 au cycle 3 ;
    • La consommation de médicaments psychotropes demeure stable entre les cycles
  • Pour les différences selon le genre et l’âge,
    • Les femmes et les personnes de 18-34 ans ont connu une augmentation de la détresse psychologique entre le cycle 1 et le cycle 2, mais au cycle 3, elle revient au niveau observé pour le cycle 1 ;
    • Les hommes et les personnes de 35-49 ans rapportent un accroissement des symptômes de dépression entre le cycle 2 et le cycle 3
    • Les hommes rapportent un accroissement des symptômes d’anxiété entre le cycle 2 et le cycle 3
    • L’épuisement professionnel a diminué entre le cycle 1 et le cycle 2 pour les hommes, les femmes et les personnes de 35-49 ans.
    • La consommation de médicaments psychotropes a diminué entre le cycle 1 et le cycle 2 pour les personnes de 35-49 ans

Conclusion

L’ELOSMET a déjà documenté que les atteintes à la santé mentale chez les personnes en emploi de cet échantillon sont importantes et qu’elles varient selon le genre et l’âge5,6.  Arrivé au cycle 3, et pour l’ensemble des répondant.es, la détresse psychologique touche 38,6% des personnes, 12,5%-15,9% rapportent des symptômes de dépression ou d’anxiété, 25,4% de l’épuisement professionnel et 22,4% consomment des médicaments psychotropes. La situation des femmes et des personnes plus jeunes s’avère toujours préoccupante.

Lorsque l’on examine l’évolution de ces atteintes dans le temps, la détresse psychologique et l’épuisement professionnel semblent avoir été influencés par les conditions liées à la pandémie de la COVID-19 qui se manifeste principalement à partir du cycle 2. Cependant, les données de l’ELOSMET suggèrent que ces variations ont été ponctuelles, car les indicateurs retrouvent les niveaux prépandémiques au cycle 3. Les effets associés au confinement, à la crainte de la contamination et l’obligation du télétravail pour plusieurs personnes semblent se diluer dans le temps avec le contrôle de la contamination et le retour au travail en mode présentiel ou hybride.

La consommation de médicaments psychotropes ne semble pas avoir été particulièrement affectée par les perturbations liées à la pandémie. Cependant, l’accroissement des symptômes dépressifs et anxieux observés chez les hommes entre le cycle 2 et le cycle 3, de même que les symptômes de dépression des personnes de 35-49 ans est intrigante. Des analyses seront nécessaires pour expliquer ces variations, mais il est possible d’envisager une plus grande difficulté des hommes à reprendre une situation de travail qui implique des contraintes et exigences liés aux déplacements pour se rendre au travail, et pour les personnes de 35-49 ans un retour à de plus grandes difficultés de conciliation travail-famille et vie personnelle.

Les résultats présentés ici seront mis à jour périodiquement.

Références

  1. McDowell, I. & Newell, C. (1996) Measuring health: a guide to rating scales and questionnaires, 2nd edn. Oxford University Press, New York
  2. Kroenke, K., Spitzer, R. L. & Williams, J. B. W. (2001). The PHQ-9: Validity of a brief depression severity measure. J Gen Intern Med, 16(9), 606-613.
  3. Spitzer, R. L., Kroenke, K., Williams, J. B. W. & Löwe, B. (2006). A brief measure for assessing generalized anxiety disorder: The GAD-7. Archives of Internal Medicine, 166(10), 1092-1097.
  4. Kristensen, T.S., Borritz, M., Villadsen, E. & Christensen, K.B. (2005) The Copenhagen Burnout Inventory: A new tool for the assessment of burnout, Work & Stress, 19(3), 192-207.
  5. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (2022). FLASH Recherche : Prévalence des problèmes de santé mentale en milieux de travail pendant la COVID-19 : les résultats du Cycle 2 de l’ELOSMET. Université de Montréal. https://www.osmet.umontreal.ca/flash-recherche-prevalence-des-problemes-de-sante-mentale-en-milieux-de-travail-pendant-la-covid-19-les-resultats-du-cycle-2-de-lelosmet/
  6. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (2021). FLASH Recherche : Importance des problèmes de santé mentale en milieux de travail avant et pendant la crise de la COVID-19 : Les premiers résultats du cycle-1 de l’ELOSMET. Université de Montréal. https://www.osmet.umontreal.ca/flash-recherche-la-sante-mentale-en-milieux-de-travail-en-temps-de-pandemie/

Site web : www.osmet.umontreal.ca

A propos de l’OSMET

L’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) est né d’une collaboration avec la Faculté des arts et sciences, l’Institut de recherche en santé publique (aujourd’hui devenu le Centre de recherche en santé publique) et l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. L’OSMET bénéficie du soutien financier de trois partenaires : TELUS Santé, Medavie et Pratt & Whitney Canada.

Ce contenu a été mis à jour le 19 juillet 2023 à 2h17.