FLASH Recherche: Les pratiques de gestion de la santé et du mieux-être au travail

Portrait de l’implantation des pratiques dans les entreprises canadiennes

 

D’octobre 2019 à janvier 2020, l’OSMET a sondé un échantillon d’entreprises canadiennes ayant accepté de compléter un questionnaire en ligne portant sur la santé et le mieux-être au travail. L’OSMET a, entre autres, évalué le niveau de développement de 67 pratiques de gestion de la santé et du mieux-être au travail. Chaque pratique a été classée selon une typologie élaborée lors de l’étude SALVEO1 et qui a été récemment utilisée par l’OSMET pour analyser sa contribution à l’absentéisme en milieu de travail2. Cette typologie englobe quatre dimensions reliées aux conditions de l’organisation du travail associées au développement des problèmes de santé et mieux-être au travail: la conception des tâches (ex. autorité décisionnelle), les demandes du travail (ex. charge de travail), les relations sociales (ex. soutien social) et les gratifications (ex. reconnaissance). Les pratiques sont ensuite classées selon les niveaux macro, méso et micro d’une entreprise. Le niveau macro fait référence aux pratiques visant la régulation des risques à la santé et au mieux-être (ex. sondage sur les sources de stress) et les stratégies de communication (ex. bulletin mensuel sur la santé). Le niveau méso fait référence aux pratiques visant les conditions de l’organisation du travail présentes dans une entreprise (ex. contrôle de la charge de travail). Au niveau micro, les pratiques ciblent l’individu (ex. atelier de relaxation). Ce FLASH Recherche s’intéresse à l’implantation de ces pratiques dans 159 entreprises qui ont fourni des informations sur le niveau d’implantation selon trois choix de réponse:  Pas du tout, Faiblement, Fortement. Dans cet échantillon, 18,1 % sont de petites entreprises (moins de 50 employés), 51,6 % des moyennes (50-499 employés) et 30,3 % de grandes entreprises (500 employés et plus). Une proportion de 51,0 % des entreprise opère dans le secteur tertiaire.

Résultats

Le Tableau I présente la distribution des pratiques de gestion de la santé-mieux-être au travail de niveau macro.
 

En moyenne, 32% des entreprises ont fortement implanté des pratiques liées aux stratégies de communication et 16% des pratiques associées à la régulation des risques.  Les pratiques les plus fortement implantées (50% et plus des entreprises) sont les mécanismes de communication et les pratiques de corrections des risques de l’environnement de travail.

Le Tableau II présente la distribution des pratiques de gestion de la santé-mieux-être au travail de niveau méso.
 

En moyenne, entre 29% et 56% des entreprises investissent fortement dans des pratiques de niveau méso associées à l’une ou l’autre des quatre dimensions des conditions de l’organisation du travail liées au développement des problèmes de santé et mieux-être au travail.  Les pratiques les plus fortement implantées (50% et plus des entreprises) sont : accroître l’autonomie dans le travail, la participation directe des employés, l’analyse et description de postes, le travail d’équipe, une politique de harcèlement psychologique, les pratiques d’évaluation du rendement, les banques de congé et la possibilité de promotion à un niveau supérieur.

Le Tableau III présente la distribution des pratiques de gestion de la santé-mieux-être au travail de niveau micro.
 

En moyenne, de 9% à 22% des entreprises investissent fortement dans des pratiques de niveau micro. La présence d’un Programme d’aide aux employés (PAE) apparaît comme la pratique la plus fortement implantée par la majorité des entreprises sondées.

La Figure 1 permet de comparer le niveau de développement des niveaux macro, méso et micro et leurs dimensions.  Pour chaque dimension de pratiques, nous avons calculé la moyenne des items de chaque dimension puis ramener le tout sur une échelle variant de 0 à 100.  Les scores compris entre 0 et 33 peuvent être qualifiés de faible, entre 34 et 66 de moyen, et élevés entre 67 et 100.

Figure 1. Niveau d’implantation des dimensions des pratiques de gestion

  Globalement, le niveau méso est plus fortement implanté que les autres niveaux de pratiques, mais aucune des dimensions de pratiques n’atteint le niveau élevé. Seules les stratégies de communication sont moyennement implantées pour le niveau macro, alors que les pratiques de niveau micro sont toutes à des niveaux faibles.

Dernièrement, des analyses ont été réalisées pour examiner le rôle de la taille de l’entreprise ainsi que du secteur d’activité économique. Le tableau suivant présente les résultats de ces analyses.

 

Les pratiques de niveau macro et micro sont plus fortement implantées lorsque la taille de l’entreprise est élevée. Cependant, la taille de l’entreprise ne s’associe pas à une implantation plus forte des pratiques de niveau méso.  Enfin, le secteur économique a une influence faible sur le niveau d’implantation, car seules les pratiques liées à l’activité physique et la gestion du stress sont plus fortement implantées.

Conclusion

Bien que l’échantillon analysé ne permette pas de généraliser les résultats, le portait de l’implantation des pratiques de gestion de la santé et du mieux-être permet de dégager les constats suivants :

  • Globalement, les entreprises investissent davantage dans des pratiques visant les conditions de l’organisation du travail (niveau méso) mais le niveau d’implantation demeure moyen.  Ces investissements ne dépendent pas de la taille ou du secteur économique de l’entreprise;
  • Au niveau macro, les stratégies de communication sont modérément implantées alors que les pratiques visant la régulation des risques le sont beaucoup plus faiblement. Cependant, le niveau d’implantation dépend de la taille de l’entreprise;
  • Les pratiques visant l’individu (niveau micro) sont faiblement implantées mais ont tendance à se trouver plus largement dans des entreprises de plus grandes tailles et à certains égards (activité physique et gestion du stress) dans des entreprises du secteur tertiaire.
Ces résultats dessinent un portrait de la situation avant la pandémie de la COVID-19 et suggèrent que l’implantation de pratiques de gestion favorables à la santé et au mieux-être peut être grandement améliorée.  Bien sûr, avec les contraintes liées aux mesures sanitaires, des pratiques comme le télétravail et les horaires flexibles auront très largement augmenté pour constituer la norme dans plusieurs milieux de travail.  Avec le retour en présentiel qui se profile et les traces qu’aura laissé la pandémie sur la santé et le mieux-être des employés, en particulier la santé mentale, il est clair que des investissements sont nécessaires afin de rehausser l’impact que l’entreprise peut avoir pour favoriser des meilleurs états de santé et de mieux-être. Sans ces investissements dans la prévention, les problèmes liés à l’absentéisme et la productivité risquent d’être exacerbés, ce qui entrainera inévitablement des coûts importants pour les entreprises, les individus et la collectivité. A ce titre, les travaux de l’OSMET suggèrent que l’implantation de pratiques de gestion touchant les stratégies de communication, la conception des tâches, les relations sociales et la conciliation travail-famille pourrait favoriser un taux d’absentéisme plus faible2.

Références

  1. Marchand, A., Haines, V. Y., Harvey, S., Dextras‐Gauthier, J., and Durand, P. (2016) Health and Stress Management and Mental‐health Disability Claims. Stress & Health, 32: 569–577. doi: 1002/smi.2663.
  2. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (octobre 2020). L’absentéisme et les pratiques de gestion en santé et mieux-être au travail. Collection FLASH Recherche, Université de Montréal.

Site webwww.osmet.umontreal.ca

A propos de l’OSMET

L’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) est né d’une collaboration avec la Faculté des arts et sciences, l’Institut de recherche en santé publique (aujourd’hui devenu le Centre de recherche en santé publique) et l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. L’OSMET bénéficie du soutien financier de quatre partenaires fondateurs : Morneau Shepell, McKesson Canada, Croix Bleue Medavie et Pratt & Whitney Canada.

Ce contenu a été mis à jour le 12 juillet 2023 à 1h28.